Philo - Bac - Dissertation Corrigée sur l'Art

Dissertation de Philosophie du Bac 2024 : Peut-on se passer d'art ?

Analyse du sujet

Le sujet proposé, « Peut-on se passer d'art ? », invite à réfléchir sur la notion de nécessité liée à l'art. Examinons d'abord les termes clés :

• Peut-on : Interroge la possibilité même de l'action. Est-il envisageable, et sous quelles conditions précises ?
• Se passer : Indique l'idée de renoncer à quelque chose, d'y renoncer volontairement ou non. On se passe de choses non essentielles ou parfois essentielles, temporairement ou définitivement.
• Art : Représente toute création humaine ayant pour but premier un plaisir esthétique désintéressé, engendrant émotions et réflexions. Ce terme renvoie traditionnellement aux beaux-arts comme la peinture, la musique, la littérature, ou encore la danse.

Enjeux et présupposés du sujet

Ce sujet conduit à interroger la place réelle de l'art dans notre vie quotidienne et existentielle. Est-il un luxe ou une nécessité vitale ? À première vue, on pourrait penser qu'il est parfaitement possible de vivre sans art, car contrairement à l'eau ou à la nourriture, l'art ne semble pas indispensable à notre survie physique immédiate. Pourtant, la difficulté à imaginer une vie sans art révèle que sa nécessité est peut-être plus subtile mais non moins réelle.

Ainsi, l'enjeu central est d'examiner cette dualité : l'art est-il simplement superflu, ou constitue-t-il une composante essentielle de l'existence humaine ?

Problématique

Une problématique pertinente pour aborder ce sujet pourrait être :

Si, a priori, l'art n'est pas nécessaire à notre survie biologique, pourquoi semble-t-il pourtant si difficile de concevoir une existence totalement dépourvue d'art ?

Plan proposé

Afin de structurer efficacement cette réflexion, voici un plan en trois parties, répondant à cette problématique.

I. Thèse : On peut effectivement se passer d'art

• L'art ne constitue pas une nécessité biologique immédiate.
• Exemples concrets : se nourrir, respirer, boire sont des nécessités vitales immédiates, ce que n'est pas l'art.
• Une vie axée exclusivement sur les besoins matériels pourrait théoriquement exclure toute forme d'art.
• Philosophe associé : Platon. Selon Platon, l'art est une imitation du réel, une « copie de copie » qui peut détourner l'âme humaine de la vérité. Ainsi, on pourrait s'en passer dans une quête purement rationnelle de la vérité.

Transition : Toutefois, réduire l'existence à ses seuls aspects matériels ou strictement rationnels semble négliger une dimension essentielle de l'être humain : son besoin profond d'émotion, d'expression et de sens.

II. Antithèse : Pourtant, l'art semble profondément nécessaire

• L'importance de l'art pour l'expression des émotions humaines.
• Rôle thérapeutique et libérateur de l'art (exemples : musicothérapie, art-thérapie).
• L'art comme révélateur et amplificateur de l'expérience humaine, donnant sens et profondeur à l'existence.
• Philosophe associé : Nietzsche. Friedrich Nietzsche considère l'art comme essentiel, car il permet d'affronter l'absurdité du monde et de transcender la souffrance en donnant un sens créatif à la vie humaine.

Transition : Cependant, considérer l'art uniquement comme une thérapie ou une réponse à la souffrance existentielle peut aussi limiter sa portée véritablement universelle et essentielle à la condition humaine.

III. Synthèse : L'art est une nécessité humaine existentielle

• La nécessité humaine dépasse la simple survie biologique et inclut le bien-être psychologique, émotionnel et social.
• L'art est indispensable à la culture et à la construction identitaire individuelle et collective.
• Ainsi, même si l'art n'est pas vital au sens strictement biologique, il est incontournable en tant que nécessité existentielle et culturelle.
• Philosophe associé : Kant. Emmanuel Kant affirme que l'art révèle un jugement esthétique désintéressé, essentiel pour le développement de notre capacité à ressentir le beau et le sublime, ce qui enrichit fondamentalement l'expérience humaine.

Conclusion

En définitive, vivre sans art apparaît possible d'un strict point de vue biologique mais inimaginable d'un point de vue existentiel et culturel. L'art enrichit notre expérience humaine et lui confère une profondeur irremplaçable, faisant de lui non un simple luxe, mais une véritable nécessité humaine.